Aout 2012. Nous y voilà. Enfin. J-3.L’attente est enfin finie. Les conditions sont optimums, j’ai placé la course d’endurance O3Z du Vigeant en plein milieu de mes vacances. Je remonte de quelques jours passés sous le soleil de los Mallos en Espagne, je n’ai plus qu’à rallier le circuit avec ma fille bien aimée, plus motivée que jamais de voir son père enfin en situation. Surtout depuis que je la bassine avec toutes mes histoires de Tontons, et qu‘elle me voit passer des heures dans le garage à cajoler ma belle [moto].

Jeudi 2 Aout 2012. Milhac, à deux pas du circuit, découverte de notre gite. Nous sommes accueillis par les propriétaires, de charmants anglais, ne parlant pas un mot de français. Ça tombe bien, je ne parle pas anglais non plus. Yes, ça va être marrant. Enfin, petit gite sympa, où le team 62, va être logé et choyé. Petites pensées à Captain Igloo, fin limier à l’origine de cette bonne adresse, à l’origine du projet tout court, ayant malheureusement déclaré forfait pour les raisons que nous connaissons tous… Snif Snif.

À notre arrivée sur le circuit, on retrouve Foufoune, déjà opérationnel : installation du barnum et de toute la logistique Foufounesque, juste derrière le Box : c’est Zaza qui va être contente ! En fin d’après midi, les pilotes du # team 51, Yan et Cyril, débarquent : joyeuses retrouvailles aussitôt suivies, sans plus tarder, par l’installation dans les box.
Je me sens incroyablement serein, d’habitude l’arrivée sur les circuits me fait plus d’effets, bizarre ? Les belles [motos] sont installées et prêtes pour le roulage libre du vendredi.

Vendredi 3 Aout 2012. Fred "Pade" mon copilote est arrivé ce matin, sans avoir trop dormi. J’espère que ça va aller. J’avais des consignes du manager, Bilbo, à savoir faire les consos. Je les applique à la lettre, comme un bon élève, je mets 6 litres. C’est parti pour ma série, il fait bon et sec, quoi de mieux ? J’essaie de retrouver mes repères du mois d’Avril, effectués avec la R6 de Titi. Roulage, tranquille pour se mettre en train et envisager sereinement les perspectives du lendemain , à savoir les qualifs, et éviter de donner du boulot supplémentaire à l’équipe du team avant ce moment là. Le roulage libre de l’après midi se déroule sans problème, sans grand chrono non plus : 2'06. Je n’ai pas retrouvé mon meilleur temps qui est de 2'05.
Message pour Bilbo : "pour la conso , c’est 0.4 l/tr".

Arrivée en fin d’après midi des membres du team, Bilbo, Karine, Piwi, Etienne. À partir de ce moment c’est étrange comme l’atmosphère change, le rythme soudain s’accélère, les choses se mettent en place, s’organisent et se précisent. Tout le monde s’affère autour de ma belle avec les carnets, les check list, les outils, même mon costume de pilote est vérifié. La dimension du moment change, ils sont là pour moi, pour m’aider à réaliser la course tant imaginée et attendue. Demain c’est le jour des qualifs... la nuit sera peuplée d’images un peu folle, je suis réveillé bien avant que le réveil ne sonne. 6H00 ! Dring ! C’est l’heure !!!

Samedi 4 Aout 2012. Petit dej, pas grand chose ne passe, Axelle met de la musique techno dans la voiture. Go to the circuit. Hop dans la combine, avec le brassard "jaune". Tout va vite et s’enchaine, Le team s’occupe de tout, je n’ai qu’à me concentrer. C’est parti. Je me rappelle les paroles de Lolo : "Dans les qualifs tu donnes tout ce que tu as, tu lâches tout". Je ne lâcherais pas tout, les conditions sont pourtant idéales, mais à aucun moment je n’ai pris un quelconque risque, j’essaie de fluidifier tout cela, occuper la piste, enrouler, rentrer mes pieds. Cela finira en 2'03, mission accomplie pour moi, le chrono est descendu "effet qualif oblige" et il y a de la marge encore... C’est sûr. Des essais qui me placent en 38ème place sur 47. Quel bonheur de voir son nom sur les résultats. Bah, un vrai gamin. L’après midi, sera moins bonne, sur la retenue c’est sûr, ce serait dommage de s’en mettre une maintenant. Pad de son côté n’améliora pas sa séance du matin et restera en 2'00.

Donc après de savants calculs et un passage à la moulinette de nos temps, nous nous retrouvons en finale B "Ouf" en 34ème place. Et chose extraordinaire, le team 51 se retrouve en 33ème position, ce qui placera Cyril à côté de moi sur la grille de départ, un grand moment en perspective !

Dimanche 5 Aout 2012. Peu de sommeil ou plutôt sommeil perturbé : réveillé par la trompe synonyme d’un départ imminent. "Merde je ne suis pas prêt !", la moto ne démarre pas, je ne trouve pas mes bottes. L’enfer ! Bigre, ouf, c’est un cauchemar ! Impossible de fermer l’œil ensuite. Le p’tit déjeuner passe encore moins ce matin. Fred à l’air serein, mais c’est vrai que c’est un habitué maintenant. Est ce que l’on s’habitue réellement à ce genre de situation ? Pas sûr ! Et toujours le même morceau sur l’Ipod d’Axelle. Je suis remonté à bloc.

Arrivée à 7h15 et là comme la veille, tout va s’enchainer rapidement.

Déjà retentit la trompe annonçant la procédure de départ : et là mon gars ce n’est pas un rêve, c’est parti. Ouverture de la piste, c’est sec, il fait beau, j’ai même mis la visière fumée. Les conditions sont idéales.

Accès à la piste, pour le tour de formation pour venir se positionner, sur la ligne droite du départ, où Fred doit logiquement m’attendre. Quelques difficultés à localiser Fred, avec tout ce monde au milieu de la piste. Vu. Je retrouve Cyril qui se trouve à ma droite en 33ème place. Extraordinaire !!!

On est là tous les 2, côte à côte, d’un côté de la piste, avec nos motos au côté opposé, prêts à courir. C’est parti, pour 2 tours de chauffe. Un p’tit coup d’œil à droite, on ne sait jamais. Curieusement le stress est parti, ce 1er départ se passe bien.

Repositionnement en épi sur la ligne de départ, Cyril à côté de moi. ET on se tape la discute. Le stress n’est pas trop présent, en tout cas moins que je ne l’avais imaginé. L’attente est tout de même infernale lors de cette procédure de départ : 3 mn, 2 mn. Le comble avec Cyril c’est que l’on regardait du mauvais côté pour guetter le drapeau tricolore traverser la piste. 1 mn, Là, ça commence à le faire, une dernière connerie envoyée vers Cyril pour détendre l’atmosphère. Ca y est, le drapeau passe...

C’est parti, je pars bien, (toujours petit coup d’œil à droite, on ne sait jamais), Cyril fait un meilleur départ, il est devant. Je ne mets pas les gaz complètement, trop de monde. Me voilà dans le paquet, comme jamais je n’ai été. Déjà le 1er virage, ça va passer comment ? Ca passe, complètement hors de mes trajectoires habituelles, mais ça passe, je lâche le morceau, ce serait dommage de ne pas boucler un tour. J’ai tout de même perdu 8 places entre le départ et le 1er tour, ça promet !

Déjà à la fin du 2ème tour la situation s’est éclaircie, les repères tant travaillés, reviennent. Le Trop vite est bien (mais pas assez vite je sais), au Pif Paf je freine trop tôt, je pense déclencher assez tardivement à l’entrée, mais accélérer trop tard à la sortie. Au Buisson, autant la sortie est assez régulière au niveau de mes trajectoires, autant l’entrée est assez aléatoire, systématiquement trop à l’extérieur. Je me fais régulièrement dépasser ce qui déstabilise mon entrée.

Le Sanglier est bien, j’enchaine rapidement la 3ème et la 4ème avant de l’attaquer, je suis ainsi serein pour mettre les gaz, que je n’ouvre pas complètement je l’avoue à cet endroit. Au Trop tard, freinage certainement trop tôt, mais bon. Reste le pied droit à rentrer.

Le gauche suivant, certainement pas assez de vitesse au vu de ma position en sortie, puis je me prépare pour la Ferme. Je suis bien mieux en tout cas et je ne touche surtout pas aux freins. Puis le virage de la passerelle qui au final me fera extrêmement mal aux bras au freinage. Il faudra tout de même attendre le 24ème tour pour retrouver ma position d’origine (34ème).

Le relais se termine sur la 31ème place. Le départ m’aura fait un peu mal, et la reprise après 4 tours derrière le safety car n’aura pas été dans le même rythme, sans compter la surprise à la reprise de la course au niveau du Pif Paf où je me suis fait déposé par 4 ou 5 missiles qui étaient à l’affut juste derrière moi.

1er relais de PAD qui maintiendra la 31ème place jusqu’à la fin de son relais. Bravo pour être descendu en dessous de 2'.

Je reprends le 2ème relais, et chose extraordinaire , nous nous retrouvons côte à côte avec Cyril, respectivement à la 32ème et 31ème place pendant quasiment toute la durée du relais. Incroyable bataille de tontons. Le rythme restera plus faible, moins régulier, la fatigue aidant.
Les choses vont se gâtées pour moi, quand les forces vont littéralement m’abandonner les 4 derniers tours. Cyril me dépassera alors. Il y avait des bolides partout qui roulaient à des vitesses vertigineuses, et qui n’arrêtaient pas de me doubler. Et n’importe comment en plus...
Bref il était temps, que le panneautage annonce "BOX".

Fin du 2ème relais. Je reste au moins 5 mn sur la moto béquillée dans les stands, incapable de descendre, fatigué certes, et me laissant aller à une décompression totale, J’ai le souvenir de ce moment "Ca y est, c’est bon, c’est fait".
On va échanger quelques impressions avec Cyril, dans un drôle d’état également, allongé de tout son long dans le box. Juliette interviendra, nous félicitera et nous annonce que l’on a bien mérité notre douche et que l’on serait mieux sans les combinaisons de cuir. On va attendre un peu pour la douche...
Fred est reparti pour son 2ème relais et reprend tranquillement ces chronos. Il a l’air d’être bien.

Je crois que c’est quasiment à ce moment là, que je vois Bilbo arriver en trombe, et qui me dit : "Il va falloir que tu y retournes, il est arrivé quelque chose à Fred » Là, je me dis « ça va pas être possible !!!"
Deux minutes plus tard, Fred rentre au stand, pas de blessure, hormis au moral, la moto ne repartira pas .La roue avant sur le vibreur du 2ème droit dans le trop vite ne pardonnera pas. Un gros rouler bouler, il a fait le Fred, c’est certainement ça qui fait qu’il sort indemne de cette chute.
Les minutes passent, Fred n’est pas en état de repartir pour l’instant. Bilbo me laisse tranquillement récupérer. Dix minutes depuis le retour de Fred : je renfile alors casque, gants, c’est reparti…

J’effectue 4 tours à un petit rythme avec une seule idée en tête : donner rapidement la R6 à Fred pour qu’il reprenne la course. Allez Fred, c’est reparti !

Mission accomplie, la ligne d’arrivée est franchie. Bigre c’est qu’il commençait à descendre les chronos avec ma brêle !

Bravo Fred et joli finish. On arrivera bon dernier, mais quelle satisfaction !!! La course est finie… et la pluie commence à tomber et ne s’arrêtera pas de l’après midi. Dur pour la finale A. On passera une après midi tranquille, à déguster le repas confectionné par Zaza et à savourer ces instants de grande sérénité d’après course. Puis rangement rapide de toute la logistique, il pleut et on est tous un peu fatigués, mais heureux.

ENCORE UN GRAND MERCI A TOUTE LA TEAM 62, À LA TEAM 51 ET A TOUS CEUX QUI NOUS ONT SOUTENU DE PRES OU DE LOIN.
BOB et PAD