Eté 2013… Yan part avec mon R1 enfin, le sien… Je fais le tour de mon stand, enfin, de mon garage, il est tout vide… L’avantage dans le garage, c’est que personne ne voit mon œil humide.
Ce n’est pas parce que j’ai vendu mon missile sol-sol que je vais arrêter la moto. Je n’arrête pas la piste, je change de piste… Depuis un moment, j’ai envie d’aller me balader mais plus loin que la balade dominicale des tontons…
Pour cela, je me lance dans la recherche de la brèle qui va bien pour voyager. Pour commencer, je vais essayer la référence du marché, la BMW 1200 GS ! Je n’ai jamais conduit de BM de ma vie, je dois vieillir pour accepter enfin de poser mon cul sur une production bavaroise.
Vendredi matin, j’appelle la concession BMW de la RN 20. Je suis bien accueilli et prends rendez-vous pour le samedi matin à 9 h 30.
Samedi, le temps n’est pas au beau fixe mais il ne pleut pas… J’arrive à 9 h 15 et là, c’est le drame… Ils me disent qu’ils n’ont pas noté le rendez-vous et que de toute façon la GS est à Evry… Les nerfs commencent à prendre les tours. Le mec m’explique où se trouve la concession d’Evry. Je fonce à Evry mais je me paume grâce aux explications foireuses du vendeur de la Ville du Bois…
Donc, j’arrive avec plus d’une demie heure de retard sur le rendez-vous prévu et du coup, je suis plutôt aimable voire penaud… Et là, le responsable de la concession me dit qu’il n’a pas de rendez-vous pour l’essai de la GS et que de toute façon, il a plu dans la nuit et donc la route est humide et il est hors de question qu’une de ses motos sorte pour un essai… Comment dire, ce n’est pas que je sois monté au rupteur comme un moteur débridé d’une sportive nippone (s’il est débridé, il n’est plus nippon…), mais je lui ai fait savoir mon opinion sur la qualité de sa démarche commerciale et du savoir-vivre bavarois concernant les motards qui ne sont pas d’obédience IIIe reich… Sachant que le mec avec qui j’échangeais des propos peu amènes était à l’autre bout du show room d’un bon millier de m² et que j’étais encore près de la porte, je me casse un poil tendu…
Je m’assoie sur ma brèle, met mon casque et le mec court vers moi, en me disant : « Il ne faut pas le prendre comme ça M. R (tiens il connait mon nom et a donc retrouver ma demande d’essai…), c’est un malentendu, venez, je vous offre un café et nous allons discuter ». C’est dans ce genre de situation que je me rends que je vieillis, je retire mon casque et rentre de nouveau dans la concession pour prendre un café avec une viennoiserie bien que nous soyons en territoire bavarois…
Partie d’un mauvais pied, notre relation va évoluer dans la bonne direction. Autour d’un café nous discutons moto et là, à ma grande surprise, je me rends compte que je suis en face d’un motard avec un esprit motard. Pour un responsable de concession BM, c’est assez étonnant !
Au cour de la discussion, je lui fait part de mon intention d’aller essayer la KTM et là, je tombe sur le cul. Il me demande où j’ai l’intention d’essayer la brèle, je lui parle de la concession qui se trouve à Vert-Saint-denis et sur le champ appelle le patron de ce bouclard en me disant que c’est un ami à lui et il me réserve un essai pour dans une heure…
Nous passons à la présentation de la brèle. Putaing con, c’est pire qu’un PC sous Windows ce truc ! Il y a des boutons partout ! J’aurais du lui demander s’il y avait Solitaire ou Démineur pour t’occuper quand tu te fais chier sur l’autoroute… Il me dit qu’il reste de quoi faire environ 150 km et me demande si cela va suffire… Je lui dis qu’il surestime sa machine car en une demi-heure, vu que la moto ne monte pas à 300 km/h, je ne vais pas pouvoir tout consommer. Il me dit : « mais, non, vous la garder le temps que vous voulez ! ». Là, je suis un peu interloqué et je lui dis que je la ramènerai en début d’après-midi.
Bon bah voilà, je pars en direction de chez KTM avec la BM d’essai… Situation cocasse s’il en est…
Maintenant que le décor est planté, je vais enfin vous parler un peu des motos, si on peut encore parler de moto. C’est plus un condensé d’idée marketing qui essaie d’imaginer ce que le client potentiel serait capable de croire comme indispensable et de le faire payer très cher quelque chose dont il n’a pas besoin…
Et ils essayent même de nous faire croire que les mecs en BM ont l'esprit motard chevillé au corps... Clique-là
Bon, je pose mon cul sur la BM et première chose, j’ai le vertige… Putain, c’est haut cette connerie, il va falloir être concentré pour les premiers arrêts aux feux. Nota : faire un procès à Manman pour m’avoir fait des jambes trop courtes.
La BM est impressionnante de facilité même si après des dizaines de milliers de kilomètres en japonaises tu es perturbé par la moto qui ne plonge pas au freinage. En plus avec le guidon large, c’est vraiment aisé d’emmener la brèle. Avec les suspensions actives la route devient du velours sans surprise… Tu es tellement haut que tu vois bien la route, la position est confortable et tu as vraiment l’impression d’être capable de tailler la route des heures durant… En revanche, niveau moteur, c’est étrange, le 1200 ressemble plus à un 600 - 4 pattes qu’à un twin 1200. Il est peut être efficace mais il est triste à pleurer. Il ne se passe rien, certes ça avance mais c’est électroencéphalogramme plat… Lolo qui m’a accompagné lors de l’essai de la BM, m’a dit qu’il avait l’impression que j’étais tout le temps en butée d’accélération, que je lui tirais sur le museau en permanence…
Je passe le côté esthétique car c’est subjectif et dans mon cas c’est vomitif, pour en arriver aux détails. Et là, je suis très déçu par la BM car sur une brèle à 20 000 euros, je trouve inadmissible qu’il y ait des bruits de plastiques au niveau du tableau de bord et je ne parle pas du bruit qui vient du moteur en passant par la colonne de direction qui donne l’impression d’avoir cassé quelque chose… Je ne sais pas si c’est la distribution, ou autre chose, ça ne donne pas envie !
Au niveau ergonomie des commandes, remercions BM d’avoir abandonné les boutons de cliquos de chaque côté du guidon… Il y a quand même quelque chose que j’ai trouvé très chiant : le bouton de navigation dans les menus ! Il se trouve à droite de la main gauche et fait le tour de la poignée. Pour naviguer, il faut le tourner et le pousser pour sélectionner… Pour résumer, je n’ai pas arrêté d’y toucher par inadvertance, si bien que l’affichage du tableau de bord change et en plus, ça commande aussi le GPS… Au bout de 3 minutes, tu as envie de t’arrêter et de tout arracher… En parlant de GPS, une BM doit souvent tomber en panne car, sur le GPS de la marque, toutes les concessions de la marque apparaissent pendant que tu roules…
J’arrive chez KTM à Vert-Saint-Denis. Très bon accueil même si les termes de l’essai diffèrent quelque peu de chez BM… gros chèque de caution et une demie heure d’essai…
Posage de cul et pareil, une légère sensation de vertige ! Il faut envisager la greffe de jambe ! Comme la BM, la KTM est facile à prendre en main. D’après les journalistes qui sont payés par les pages de pub des marques de motos qu’ils essaient, la navigation dans les différents menus de réglage de la brèle seraient complexes. Perso, je préfère ceux de la Katoche à ceux de la BM, peut être un poil plus compliqué à mettre en œuvre mais du coup, tu n’y touches pas par inadvertance !
Même si la partie cycle parait moins aboutie que sur la BM, c’est un vrai régal de rouler. En plus, sur celle-là, il y a un moteur expressif ! Encore une fois, je ne parle pas de performance mais, de sensations, de plaisir de conduite. Les deux motos essayées étaient bien sûr bridées à 100 CV et des bananes.
Je trouve la KTM mieux finie, pas de bruit de plastoque en toque qui toque et qui grince, moins de câbles apparents et puis niveau esthétique, c’est moins pire que la BM. Que les choses soient claires, esthétiquement, ces brèles ne me font pas frémir le scrotum, mon style de brèle c’est le XJR, un phare rond, un moteur à ailettes, deux gros pots et pas grand-chose d’autre… Donc, ces gros trails informatisés ne sont pas forcément ce que j’aime mais pour voyager, je pense que c’est mieux, on verra bien !
À la suite de cette journée d’essai, à laquelle on peut ajouter l’essai de la Yamaha XTZ 1200, une brèle un peu pataude et lourde et surtout une selle avec des bords à angles droits qui m’avait fait mal au cul en 10 minutes ce qui est un comble pour une moto taillée pour le voyage, je me pose des tonnes de questions... La dernière idée en date est de racheter un R1 et de mettre de la bagagerie dessus pour partir avec ça... Comme celui qui a fait le tour du monde : Clique-là
Car passer au trail est un renoncement... Une fois que tu as conduit ça, tu es incapable de repasser sur une vraie moto car tu ne sais plus conduire... C'est comme pour les vieux, le jour où tu arrêtes de faire quelque chose d'un peu difficile, tu es incapable de le refaire jusqu'à ta mort…
Donc, je me dis que je vais attendre de ne plus être capable de conduire une moto pour passer au trail...
Restons sérieux !
Vu que je garde ma vieille brèle j’alternerais entre les deux.
Petites précisions sur ces derniers paragraphes écrits sous le coup de la colère… Suite à l’essai des deux gros trails sur une journée, je suis remonté sur mon vieux XJR pour rentrer à la maison et là, c’est le drame ! Premier virage, impossible de tourner, j’ai cru que j’allais aller tout droit. Une vraie enclume ! Sur le coup j’étais dubitatif et j’ai cru surtout que j’étais déjà contaminé par le syndrome du trail… Que nenni, il manquait plus d’un bar dans mon pneu avant ! Et je suis sûr que c’est le mec de chez BM qui me l’a dégonflé pour que je crois qu’il était indispensable que j’achète une BM (môssieur BM, c’est pour rire, je ne vérifié que très rarement la pression de mes pneus…).
Au fait, le jour où je publie ce compte-rendu, la moto est déjà commandée bien que je n’ai pas respecté ce que je voulais faire, c’est-à-dire essayer tout les trails du commerce, mais la saison ne s’y prêtait pas, les concessions n’aimant pas faire essayer des motos quand il pleut, et dans ma tête, le jour de l’essai, j’avais déjà fait mon choix…
Les autres trails du marché
Yamaha XTZ 1200
Triumph Adventure 1200
Suzuki V-Strom 1000
Kawasaki Versys 1000
Honda CrossTourer 1200
Ducati 1200 Multistrada
Aprilia Caponord
Moto Guzzi Stelvio 1200
Eparpillés aux quatre coins de la piste façon puzzle